11 Mai | Actualités

André Jégouzo : “Une victoire qui a marqué ma vie”

André Jégouzo, président du FC Lorient lors de la victoire en Coupe de France en 2002, est revenu pour nous sur ce fait marquant de l’histoire du club.

Monsieur Jegouzo, quels sont vos principaux souvenirs de cette mythique saison 2001/2002 ? Et cette victoire historique en Coupe de France…
Quelle saison ! Tout d’abord, on commence la saison dans des conditions bien particulières. Le club venait de monter en Division 1 mais la situation était compliquée (Le FC Lorient était, à l’époque, sous administration judiciaire). Malgré cela, on réalise un bon début de championnat. Puis les résultats sportifs se sont dégradés. Et dans tout ça, la Coupe de France est arrivée au moins de décembre. Notre cheminement était classique, c’est-à-dire de prendre les rencontres les unes après les autres. Et notre épopée a été semée d’embuches, c’est le moins que l’on puisse dire. Une victoire en prolongations pour notre entrée en lice (3-1 ap, face au SC Douai), une autre aux tirs au but en huitième finale (face au FC Louhans-Cuiseaux), mais aussi des exploits. On pense à notre victoire face aux Galactiques du Paris Saint-Germain en quarts. Et puis sont arrivées la demi-finale, puis la finale face à Bastia…

Parlez-nous de cette finale, face à Bastia, au Stade de France…
En amont du match déjà, c’était une énorme organisation, très précise et très lourde. Cela nécessitait l’implication de tous les acteurs du club. Tout le monde s’était mis au diapason. Et vingt ans plus tard, je tiens de nouveau à les saluer, et à les remercier. Et le jour du match, le Stade de France était impressionnant. Du fait de la marée de supporters Lorientais et Bretons. Une véritable vague orange et noir.

Une deuxième finale au Stade de France, après celle, un mois plus tôt, en Coupe de la Ligue face aux Girondins de Bordeaux…
Oui, on avait cet avantage d’être passé un mois plus tôt au Stade de France, lors de la finale de Coupe de la Ligue face aux Girondins de Bordeaux. On connaissait les lieux, l’ambiance, et l’émotion qu’une finale pouvait drainer. Et au moment d’être dans les couloirs du stade, avant d’entrée sur la pelouse, j’avais énormément confiance. J’avais un excellent pressentiment sur le sort de cette finale. Les joueurs étaient tous déterminés, avaient hâte d’en découdre. En face, je sentais les Bastiais tendus et fébriles, dans une situation similaire à ce qu’on avait connu en Coupe de la Ligue. Après cette entrée, j’étais persuadé qu’on allait l’emporter. Et par bonheur, la rencontre s’est déroulée comme je l’avais imaginé. La suite ? On la connait toutes et tous.

Est-ce que cette finale de Coupe de la Ligue perdue vous a donné une force supplémentaire ?
Il suffisait de regarder l’état d’esprit des joueurs et du staff avant le début match, voire même à la mi-temps dans les vestiaires. On voulait se servir de cette finale perdue comme une force. Il n’était pas question de laisser passer cette deuxième finale.

L’Žquipe lorientaise autour de la coupe de France LORIENT 2001/2002 Photo Thomas BREGARDIS/HOT SPORTS © 2002

Quelles étaient les particularités de cette équipe, de ce groupe ?
C’était une équipe qui s’entendait très bien, qui vivait bien. Il y avait des joueurs très forts techniquement, qui étaient les leaders du groupe. Certains d’entre eux ont même réalisé des carrières de très haut niveau, au niveau national et international. Je pense notamment à Seydou Keita qui a remporté plusieurs Coupe d’Europe avec le FC Barcelone. Des leaders techniques forts mais aussi des joueurs moins éclatants, qui donnaient le maximum pour se hisser au niveau des meilleurs. C’était une équipe qui avait décidé de réaliser de grandes choses. Et ils y sont arrivés, tous ensemble.

Et au niveau de l’état d’esprit de ce groupe ?
Il y avait deux-trois boute-en-train dans cette équipe. Et cela permettait au groupe de vivre au mieux. Ça permettait surtout de surmonter les difficultés. Il y avait une force de camaraderie, et un profond respect qui se dégageaient de ce groupe. Que ce soit entre les joueurs, le staff et les dirigeants.

Un esprit inculqué par l’entraineur, Yvon Pouliquen ?
C’est évident. Yvon Pouliquen a un rôle majeur dans la constitution de ce groupe. Et au sujet de cette victoire en Coupe de France, j’ai un fait marquant en tête de la part d’Yvon Pouliquen. Son briefing avant la finale. Un discours exceptionnel, que je n’oublierai jamais. Et dans ma carrière de joueur puis de dirigeant, j’ai assisté à maintes discours d’avant-match. Mais celui-ci était unique. Au-delà d’aborder les traditionnelles conseils techniques et tactiques, Yvon a donné énormément de profondeur à ses propos. Il est sorti des sentiers battus, en donnant une connotation philosophique à tout cela. Et ce discours a produit son effet immédiatement. J’ai senti les joueurs comme habités par les propos du coach. Après cela, le match était lancé et on ne pouvait que gagner.

Cette victoire finale en Coupe de France… C’est l’un de vos plus beau souvenir aujourd’hui ?
Oui certainement. Pour tout vous dire, j’étais devant la finale de Coupe de France, ce week-end, entre le FC Nantes et l’OGC Nice. Et j’ai pu lire les réactions des vainqueurs Nantais en après-match, les joueurs, l’entraineur, le président… Et j’ai retrouvé des émotions qu’on a vécu tous ensemble au FC Lorient en 2002. C’est une victoire qui a marqué ma vie à jamais. Ça marque de façon indélébile vos relations avec ce groupe. Un moment inoubliable. Et pourtant j’ai vécu de nombreuses émotions dans le milieu de football. Mais la Coupe de France est unique. Elle draine un imaginaire très fort, pour tous les footballeurs et fans de football.

Pour vous, la Coupe de France reste le cœur du football français ?
Absolument. La Coupe de France intègre tous les membres du football français, de l’amateur au professionnel. C’est le trophée majeur dans notre pays. Car outre l’intérêt sportif, il y a toute une symbolique humaine au sein de cette compétition. C’est le plus beau des trophées.

Partager sur : Facebook | X