Ce nouveau cycle entamé l’été dernier avec Régis Le Bris et son staff conforte nos espoirs, avec un Moustoir comme nous ne l’avons jamais vu. Je suis vraiment heureux de lire que vous vivez, comme moi, l’une des plus belles saisons de l’histoire du FC Lorient. Elle vient en récompense des efforts menés par toutes les équipes du club et en récompense de votre soutien acharné.
Je lis aussi avec attention les réactions de certains d’entre vous, notamment celles des Merlus Ultras, après l’entrée au capital d’un nouvel actionnaire minoritaire à mes côtés. En ce lendemain de qualification pour les 8èmes de finale de la Coupe de France, je tenais à vous apporter quelques précisions importantes.
Je ne suis pas un adepte de « la communication prometteuse de miracles ». Ces dernières années, j’ai toujours tenu un discours franc et lucide dicté par la difficulté du championnat : nous n’avions pas annoncé un retour immédiat en Ligue 1. Dans les deux saisons qui ont suivi la remontée, nous nous étions fixés l’objectif réaliste du maintien, malgré un effectif compétitif. C’est seulement pour 2023 que nous avons relevé l’objectif, en visant le plus haut du championnat « du bas ». Et en visant, aussi, l’objectif de vous donner plus de plaisir et de fierté.
La bonne réputation du FC Lorient et celle du centre de formation précédaient notre classement flatteur. Si l’entrée d’un nouvel actionnaire minoritaire s’est concrétisée quand l’équipe était 7èmedu championnat, elle résulte d’une longue réflexion menée à voix haute et en toute transparence. Affronter simultanément la crise sanitaire et la faillite du diffuseur a fait réfléchir tous les dirigeants du football français et a forcé les clubs à lourdement s’endetter. Depuis cette période, je n’ai jamais caché l’éventualité de revoir notre modèle actionnarial pour partager les risques et surtout multiplier les chances de rendre le club FC Lorient plus solide en continuant à le développer.
Je conçois que le timing engendre l’amalgame. Le transfert de Dango est pointé du doigt, comme si cette vente signifiait que nous renoncions à toute ambition et comme si notre joueur avait signé à Bournemouth sous la contrainte.
Dango pourra exprimer pourquoi lui et son agent ont fait ce choix plutôt qu’un autre. Quitte à ce que le FC Lorient ouvre la porte d’un départ, je préfère conclure avec le club qui nous a proposé la meilleure offre, dont le montant permettra de mieux armer notre effectif.
J’entends également parler de ce départ comme si le parcours d’un joueur tenait entre les seules mains du président ou du club. Pourtant, chacun sait que les principaux intéressés construisent logiquement un plan de carrière et manifestent des envies. Avec l’attractivité du projet sportif et le discours convaincant du coach, nous pouvons influencer ces envies et essayer de retenir nos talents comme nous l’avons souvent fait ces dernières années quand c’était possible, et comme nous le faisons actuellement pour tenter de limiter à un seul départ majeur sur l’hiver. Par son ADN formateur, le FC Lorient est voué à regarder grandir ses pépites dans une autre sphère. Et nous devons accepter cette idée sans être toujours maitres du calendrier, dans un contexte où nos joueurs n’ont jamais suscité autant de convoitises.
Le partenariat avec notre nouvel actionnaire venu des États-Unis semble diabolisé. Son arrivée nous ouvre pourtant des portes sans toutefois fermer celles de notre autonomie de gestion et sans compromettre nos valeurs ou notre identité. Je comprends que vous manifestiez des inquiétudes face à ce qui représente encore l’inconnu à vos yeux ; nous ferons le nécessaire pour vous éclairer et vous rassurer.
Je répète que le FC Lorient ne deviendra pas une « succursale ». Je suis l’actionnaire majoritaire et le président, avec le pouvoir de décision nécessaire pour suivre notre stratégie de développement. Il ne s’agit donc pas d’une « remise à plat de tout le fonctionnement » mais d’une continuité de gestion.
En acceptant de voir ce développement comme une opportunité, la dimension collective à plus grande échelle représente un atout pour que le FC Lorient continue sa progression et surtout qu’il reste dans le train du football de demain : un football de plus en plus compétitif, avec une Ligue 1 visant l’excellence pour le championnat français.
Avec son expérience et le succès qu’il a rencontré dans le sport américain, Bill Foley ne peut pas se résumer comme un simple investisseur. Certains ont peut-être vu qu’il avait également entrepris dans le vin. Au même titre que le football, ce secteur est particulièrement exposé aux aléas. Il entraîne à la patience et nécessite une vision à long terme qui rejoint mes ambitions de pérenniser le club au plus haut niveau. Durant nos échanges avec Bill Foley, j’ai aussi constaté qu’il était prêt à se nourrir de l’histoire des Merlus. Et sa présence à mes côtés n’est donc pas le fruit du hasard.
J’ai inscrit le centenaire du FC Lorient comme une prochaine échéance permettant aux équipes du club de travailler avec un horizon en vue. Cela ne signifie aucunement que je m’arrêterai après la célébration. J’ai toujours été sincère, et je fais des promesses pour les tenir. Il est trop tôt pour en formuler une nouvelle, mais je peux déjà m’engager à préparer l’avenir en faisant le maximum pour que le club soit très compétitif et permettre à nos équipes comme à vous tous de vivre de grandes émotions.
Comme vous, je suis très attaché à l’esprit familial des Merlus. Mais je défends aussi les vertus de la diversité, qui sont tout à fait compatibles avec cet esprit familial. Une large dizaine de nationalités composent aujourd’hui l’effectif professionnel, nous pouvons aisément ajouter celle d’un nouveau partenaire sans compromettre notre identité. L’ancrage local vit et continuera à vivre avec l’impulsion des équipes qui l’animent au quotidien, dans la pleine conscience que le territoire lorientais est et sera toujours notre socle. Vous faites évidemment partie de ce socle sacré, comme tous les amoureux des Merlus.
Vous savez tous que je vis à Londres depuis plus de 20 ans. Quand j’ai repris le FC Lorient, j’ai moi aussi dû affronter des regards méfiants car je venais d’ailleurs. A l’épreuve du temps, ces regards ont finalement révélé des Bretons aussi ouverts que fidèles. Vous verrez que le club poursuivra son développement, et j’espère que nous pourrons compter sur votre écoute.
En supporters avertis, vous savez aussi que la période de mercato est particulièrement fournie de rumeurs mélangeant le vrai et le faux. Nous ne commentons pas. Mais pendant ce temps, les équipes travaillent. Et elles ont montré à de nombreuses reprises qu’elles travaillaient bien. Je vous demande de nous faire confiance dans la préparation de cette seconde partie de saison, qui se construit avec une forte ambition.
D’ici là, restons concentrés sur les prochaines rencontres avec la perspective enthousiasmante du derby contre nos voisins rennais. Je préfère évidemment le son de vos chants à celui de vos protestations, mais je sais que l’un et l’autre émanent du même attachement pour le FC Lorient. Et sur ce point fondamental, nous sommes toujours d’accord.
A très bientôt au Moustoir,
Loïc Féry
